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UNE VIE DE CADREUR

Créé au début du 20ème siècle, le Concours de Machines rassemblait et montrait, jusqu'en 1940 des vélos artisanaux. Repris en 2016, ce concours veut démontrer, grâce à la créativité et à l'approche sur mesure, que les vélos artisanaux dépassent généralement les vélos de série. À l'occasion du Concours de machines 2021, nous avons rencontré des cadreurs des quatre coins de l'hexagone. Focus sur ce noble métier de fabricant artisanal de cadres de vélos, à travers les portraits de 9 d'entre eux !

Matthieu Cholet - Pech Tregon Cycles

BIO EXPRESS

Enfant, Mathieu passe ses étés à Bruniquel où il s’amuse à restaurer des vélos. Il les ponce, les repeint. L’un d’entre eux, relooké en noir et doré, ramené à Paris sur la galerie de la voiture de ses parents, est cassé en passant sous un portique ! Ses parents lui en offrent un nouveau qu’il assemble complètement. Un souvenir impérissable tant il y a pris du plaisir ! À 13 ans, il aide un vieil ami qui découpe et modifie des vélos, à 17 ans, il fabrique son premier cadre complet ! Pendant ses études en art appliquées à la Fac, il fait un stage chez Sunn puis se lance dans une école en design industriel. En parallèle, il exerce plusieurs métiers : restauration de bâtiment et mobilier, agencement intérieur. Au final, il a eu envie d’aller vers le vélo où, avec peu de choses on arrive à décupler les capacité humaines.

Matthieu travaille aujourd’hui dans un atelier de 90m2, occupé aussi par quelques machines à bois, destinées à son autre activité ! Depuis le début de son métier de cadreur, Matthieu a fabriqué 51 vélos, surtout des “gravel tour” malgré qu’il soit vététiste à la base.

Comment vois-tu l'évolution du métier de cadreur ?

Ça s’installe durablement en France ! La demande augmente, le vélo est à la mode et les gens se tournent vers la fabrication locale. Avoir son vélo sur-mesure, c’est le graal ! Au sein des cadreurs, la qualité monte et j’observe une évolution entre le concours des machines de 2018 et 2021, on va vers la “haute-couture”.

Les conditions de vie des cadreurs d'aujourd'hui te semblent-elles acceptables ?

2021 a été une bonne année test, car avec le Covid, je n’ai fait que des vélos. En ayant vendu 11 vélos, j’ai terminé en déficit sans me verser de salaire. C’est une prise de conscience : les cadreurs vivent mal de leur métier. Ce n’est pas le cas aux Etats Unis et en Angleterre où la clientèle est plus lucide sur les prix. Pour ma part, je n’ai pas envie de produire à la chaîne, je veux faire du pointu, avoir autant de plaisir que le client !

Vélo lauréat du Concours de machines 2021 : 2ème place

Les points forts du vélo présenté au concours de machines ?

La fourche mono pivot a zéro déport, elle a 6 pattes d’accroche du matériel.
Le cloisonnement d’une partie du cadre dans lequel j’ai mis du gaz liquide et qui peut se raccorder au brûleur de mon réchaud. On évite ainsi de porter une bouteille de combustible qui est toujours encombrante.

Pourquoi fais-tu le Concours de machines ?

Le côté concours crée une saine émulation et donne l’occasion de faire une pause dans son activité, pour se consacrer à la recherche et développement. Cela permet de montrer au public qu’un artisan est capable de faire mieux que dans l’industrie. Sinon je participe aussi pour les rencontres et les retrouvailles avec la communauté des cadreurs.

Silvin Kutsch et Thomas Kieber - Manivelle Cycles

BIO EXPRESS

Pendant leurs études communes d’ingénieur, Silvin et Thomas découvrent le prototypage. Une expérience qui les emballe particulièrement et qu’ils ont envie de revivre. Passionnés de voyage à vélo, l’idée d’en fabriquer en partant de la feuille blanche coule de source… Ils se jettent à l’eau dès la sortie de leurs études en se lançant comme cadreurs en 2018. Forts d’une expérience de conception par ordinateur et d’usinage, ils apprennent principalement en autodidactes.

Basés à Strasbourg dans un atelier de 72m2, Silvin et Thomas ont fabriqué 48 vélos de voyage, leur spécialité, principalement sous forme de gravels ou de vélos de route, avec une nouvelle ouverture vers le VTT. Ils privilégient les accessoires venant de France ou de pays proches.

Comment voyez-vous l'évolution du métier de cadreur ?

Difficile d’avoir du recul car l’accélération est forte en ce moment. La participation grandissante des cadreurs au concours de machines, montre que le métier intéresse, se développe. Il va y avoir de plus en plus de vélos d’artisans produits en France. Le prix des vélos industriels va sans doute monter, ce qui facilitera la vente de vélos plus chers vendus par les cadreurs artisanaux. Peut-être qu’il y aura aussi de plus en plus d’écoles de cadreurs car les gens ont envie de fabriquer leur vélo. L’artisanat doit rester un métier d’expérimentation, le cadreur vend une expérience, il dialogue avec le client. On est dans le sur-mesure. On doit communiquer, faire de la pédagogie autour de l’artisanat.

Les conditions de vie des cadreurs vous semblent-elles satisfaisantes ?

C’est dur de se sortir un bon salaire. La valeur ajoutée est essentiellement le temps. Une bonne partie du travail est la relation client et c’est difficile de facturer ce temps. Nous nous développons sur la conception et la vente d’accessoires (sacoches, porte-bagages, porte bidons…) pour arriver à vivre de notre métier et lisser notre activité pour pouvoir souffler de temps à autre.

Les points forts du vélo présenté au concours de machines 2021 ?

L’autonomie au long cours au niveau du chargement de bagages (58 litres) : c’est un entre deux entre un chargement cyclo et bike-packing. L’accessibilité et la facilité de rangement sont des plus, notamment grâce aux racks.
L’esthétique se rapproche des vélos des “klunkers”, c’est un retour aux sources du mountain bike.
La géométrie / poste de pilotage, le cintre offre 2 positions au pilote : une position pour les sections techniques avec un cintre large et une potence courte, une position pour les sections roulantes qui permet d’être plus bas, d’aller chercher plus loin.

Pourquoi faites-vous le Concours de machines ?

Le thème de cette édition va dans le sens de l’activité où nous voulons aller : le VTT en voyage et en autonomie.

Adreas Behrens - Lafraise Cycles

BIO EXPRESS

Passionné de vélo et de voyages dès l’adolescence, Andreas est parti pour son 1er trip à travers le monde dès l’âge de 18 ans : une itinérance de l’Allemagne à l’Autriche, suivie de périples en Afrique, en Amérique du sud et en Asie. Son amour de la petite reine lui donne envie de travailler un jour dans le milieu de la réparation ou de la conception de vélo. L’idée sommeille et pendant une vingtaine d’années, il travaille dans des milieux aussi variés que l’informatique, l’internet mobile, le contrôle de gestion, la création d’entreprise. En 2014, après avoir fabriqué une douzaine de vélos de test et effectué deux stages de soudure et brasure cycles en Allemagne et en Angleterre, il se lance comme cadreur et crée La Fraise cycles.

Basé à Roubaix dans un atelier de 60m2, Andreas vit à 100% du métier de cadreur. Il a fabriqué 83 vélos à ce jour : essentiellement des randonneuses tout terrain qui le séduisent par leur polyvalence. En parallèle, il organise des stages qui ont donné le jour à 130 vélos fabriqués par ses élèves. De nombreux nouveaux cadreurs sont passés chez lui.

Comment vois-tu l'évolution du métier de cadreur ?

J’espère que chaque ville aura un jour son propre cadreur. Ça permettra de mieux communiquer sur leur existence et de valoriser le métier. L’artisanat sera selon moi de plus en plus privilégié. Je pense également que de plus en plus de cadreurs feront des “mini séries” de vélos identiques, à la fois pour mieux gagner leur vie, et pour répondre à la demande.

Les conditions de vie des cadreurs te semblent-elles satisfaisantes ?

Les cadreurs souffrent de la difficulté de pouvoir justifier le prix de leurs vélos en comparaison des vélos du commerce. Pourtant, c’est le prix à payer au regard des heures passées sur un vélo pour le fabriquer. A titre d’exemple, une randonneuse me demande 150 à 200 heures de travail. Le cadreur facture très souvent le vélo en dessous du prix qui lui permettrait d’être convenablement rémunéré pour les heures passées, c’est-à-dire entre 40 et 50 euros/heure. Petit à petit, les gens comprennent le prix. Il faut aller dans ce sens pour valoriser le métier de cadreur qui est du sur-mesure. Pour ma part, je gagne correctement ma vie grâce à l’organisation de stages.

Les points forts du vélo présenté au concours de machines 2021 ?

La transmission Pinion et Gates, durable et sans souci
L’autonomie grâce à la présence du chargeur
Les différentes double fonctionnalités

Pourquoi participes-tu au Concours de machines ?

Pour explorer de nouvelles choses, repousser les limites, répondre à un cahier des charges très complexe. Ça permet aussi d’avoir de nouvelles idées, de travailler sur des points précis qu’on ne voit jamais sur des vélos de série. Le vélo présenté au concours m’a demandé environ 300 heures de travail.

LOUIS SEGRÉ - GAMORY CYCLES

BIO EXPRESS

La voile est le premier amour de Louis. Après ses études d’ingénieur en matériaux composites, il part fabriquer des mats de voiliers en carbone en Roumanie. Il s’envole ensuite au Chili où il façonne des jeux pour enfants, puis des skis et des surfs. De retour en France, il travaille dans un cabinet d’ingénierie industrielle et lance en parallèle son activité de fabrication de cadres de vélos en bambou. Il répond ainsi à son envie de faire une activité manuelle et de confectionner de beaux objets.

Basé à St Maurice des Lions, dans un atelier de 60m2 situé dans une maison familiale, Louis a fabriqué 12 vélos depuis ses débuts en 2019. Essentiellement des gravels orientés voyage, mais aussi deux VTTAE, un vélo de route et un vélo de ville.

Comment vois-tu l'évolution du métier de cadreur ?

Je pense que l’artisanat va revenir en force en France pour répondre à une tendance du local et de la filière courte. Il va donc y avoir de plus en plus de cadreurs.

C’est un métier où on ne compte pas ses heures, un métier passion absolument génial !

Les points forts du vélo présenté au Concours de machines 2021 ?

Le cadre, la fourche et le guidon sont dans les mêmes matériaux, fabriqués par le même cadreur.
De nombreuses double fonctionnalités : la sacoche de cadre sert aussi pour le portage, le rayon de rechange sert de protège base, l’éclairage arrière se transforme en frontale, le vélo est utilisé comme structure pour la tente, le garde-boue avant fait aussi office de “pelle à caca” pour le bivouac.
Le bambou est un matériaux original.

Pourquoi participes-tu au Concours de machines ?

Pour rencontrer d’autres cadreurs et le microcosme qui va autour, pour me faire connaître et pour me motiver à faire un vélo plus poussé répondant à un cahier des charges précis et étoffé.

Laurent Lamouric - LORIS Fibre Cycliste

BIO EXPRESS

Né dans une famille de cyclistes, de parents vélocistes, Laurent avait toute la liberté d’observer les petites reines qui se trémoussaient en rayons… au point de voir pointer sa première envie de fabriquer un cadre à 15 ans. Une idée qu’il ne met pas à exécution car il souhaite faire un cadre qui ne soit pas en acier, un vélo aux formes différentes… En 2016, sortant de ses études, il travaille dans le monde de la conception mécanique. Son projet de vélo est toujours là avec l’idée de le réaliser en tôles pliées. Poussant la réflexion, il réalise que les matériaux composites tels que le carbone répondent mieux à ses envies de délires artistiques. Il fabrique d’abord un bras oscillant, puis un cadre entier. L’aventure du composite est lancée ! Aucune limite à la création : tout est possible en terme esthétique et mécanique, à condition de bien maîtriser la fabrication, qui demande un sacré savoir-faire, fruit de nombreuses expérimentations.

Dans son petit atelier de 15m2 à la maison, Laurent a fabriqué 8 vélos. Malgré sa sensibilité première qui l’a poussé à construire des VTT, il a aussi réalisé des vélos de route, enfant et de ville. Pour lui, le cadrage reste un hobby. Il a un bureau d’étude indépendant et travaille pour l’industrie générale, mais aussi celle du cycle. Il a également travaillé pour un team professionnel de vélo, comme par hasard…

Comment vois-tu l'évolution du métier de cadreur ?

L’explosion du vélo est exceptionnelle. Je pense que les cadreurs vont en profiter et être de plus en plus nombreux. Pour cela, ils doivent faire connaître leur métier pour se développer. Dans l’avenir, peut-être y aura-t-il plus de liens entre les cadreurs et l’industrie du vélo ? Ces deux mondes pourraient être complémentaires. L’arrivée du VAE pose aussi question pour les cadreurs qui vont devoir trouver leur place dans ce nouveau monde.

les points forts du vélo présenté au concours de machines 2021 ?

La bagagerie est rigide, compacte, vite mise et enlevée.
C’est un vrai VTT au niveau de la géométrie.
La dimension des pneumatiques offre un bon compromis entre confort, aisance de pilotage et rendement.

Pourquoi fais-tu le Concours de machines ?

En 2018, j’avais fait le premier concours dans l’idée de lancer mon activité de cadreur. J’ai finalement abandonné car mon métier me plaît et l’équilibre vie pro / vie perso me convient. J’ai eu l’envie de revivre l’aventure pour les rencontres et l’ambiance, aussi pour le plaisir d’être poussé à innover. Dans le monde des cadreurs qui privilégient principalement l’acier, je suis un peu l’extra terrestre du composite. Je me fais plaisir à pousser le délire artistique.

Rémi COUDERC - SOUM CYCLES

BIO EXPRESS

Ancien compétiteur DH et enduro, Rémi a été un vrai geek des suspensions. Son penchant naturel pour les Pyrénées l’a souvent amené à lever les yeux vers les “soum”, sommets arrondis en patois pyrénéen, pour débusquer de nouvelles dévalades ludiques au guidon de ses montures… Pendant sa formation d’ingénieur, Rémi travaille en alternance dans les ateliers de Milc Industry, entreprise qui a choisi de relocaliser la production de cycles en France. Rémi prend plaisir à travailler dans le milieu du vélo mais a envie de s’adresser aux particuliers. Il s’oriente uniquement vers des vélos “tout terrain” inspirés de sa pratique originelle : gravel, longue distance, randonneuse. Seule entorse, son 1er cadre, fabriqué en 2018, était un BMX.

Rémi a fabriqué une dizaine de vélos dans les ateliers partagés de Milc, à La Barthe de Neste dans les Hautes Pyrénées. Il vient de lancer sa micro entreprise mais ne vit pas à 100% de son activité.

Comment vois-tu l'évolution du métier de cadreur ?

Les cadreurs auront de plus en plus de travail car les mobilités douces ne font que croître. Mais ils vont devoir aller vers le recyclage et faire de plus en plus de réparation, car nous allons manquer de matières premières ou alors elles seront trop chères. Plus généralement, le travail manuel va prendre le dessus. Davantage d’agriculteurs, plus d’artisans. Les gens vont avoir moins d’argent et devront se réapproprier les savoirs faire manuels pour se débrouiller, économiser…

Les conditions de vie des cadreurs te semblent satisfaisantes ?

Peu de cadreurs vivent de leur activité. Les salaires devraient être “socialisés”, sinon ce genre de métier “noble” bourré de savoir-faire risque de disparaître au profit de métiers lucratifs mais sans compétence technique et/ou manuelle.

Vélo lauréat du Concours de machines 2021 : prix spécial du Jury

les points forts du vélo présenté au concours de machines 2021 ?

C’est un vélo bien équilibré, conçu pour le pilotage, avec une bonne répartition des masses et une suspension efficace.
Les bagages sont intégrés de manière à avoir un pilotage typé VTT
Ce vélo est à la fois sobre et simple d’utilisation

Pourquoi fais-tu le Concours de machines ?

Pour rencontrer d’autres artisans, communiquer sur ma marque auprès du grand public et pour le plaisir de découvrir une nouvelle région, en l’occurrence le Jura lors de cette édition 2021.

Maël JAMBOU - CYCLES CADENCE

BIO EXPRESS

À la fin de sa thèse en écologie industrielle, Maël éprouve le besoin de travailler avec ses mains. Sans être au centre de sa vie, le vélo en occupe une part via sa pratique du triathlon et son investissement bénévole dans un atelier de réparation de vélos. Il s’intéresse à leur fabrication et, de par sa formation, à l’éthique de leur production industrielle. Par hasard, il apprend l’existence des artisans cadreurs et du concours de machines. Curieux, il effectue un stage d’observation professionnel chez Cyfac qui le conforte dans son attirance pour le métier. Il effectue deux formations de soudeur où il apprend notamment la soudure TIG. Maîtrisant cet aspect, il effectue une formation de 10 jours à The Bicycle Academy en Angleterre. Il y apprend le B à Ba de la fabrication d’un cadre, le montage d’une structure et le marketing. Il parfait sa formation par de nombreuses lectures pointues et techniques, notamment sur les études posturales.

Maël loue un atelier de 40m2 à Troyes depuis 2019. Il a fabriqué une quinzaine de cadres, tous de types différents. Mis à part le vélo cargo, il a touché à tout ! Un choix assumé par l’envie de progresser et de proposer une gamme complète : route, gravel, voyage et ville. Côté équipement, il privilégie le sourcing européen.

Comment vois-tu l'évolution du métier de cadreur ?

De plus en plus de jeunes vont se former en fin d’études et feront ce métier dès leur entrée dans la vie active. Il y aura peut être un jour une formation d’ingénieur dans le cycle ? Côté vélos, je pense qu’il y aura beaucoup d’innovations sur les vélos cargos et utilitaires.

Les conditions de vie des cadreurs te semblent-elles acceptables ?

Nous faisons un métier passion. Au regard du temps passé, nos salaires sont bas. Pour l’instant, je place tout ce que je gagne en trésorerie pour mon entreprise et je ne me rémunère pas. Le temps viendra où je pourrai me salarier. Le problème vient des distorsions de prix liées au volume. Les tubes bruts pour un vélo sur mesure coûtent plus chers qu’un cadre soudé chez Décathlon ! Quand on débute, on a tendance à se mettre à la place de l’acheteur et on a peur de vendre des cadres chers. C’est pourtant le “vrai” prix qu’il faut regarder si on veut en vivre.

Vélo lauréat du concours des Machines 2021 : 1ère place

Quels sont les points forts de ton vélo ?

L’intégration de solutions cachées
Un vélo confortable et rassurant, idéal pour l’ultra distance de montagne
Côté esthétisme, des lignes épurées et beaucoup de petites touches différenciantes montrant le savoir-faire artisanal pour se distinguer des grandes marques

Pourquoi fais-tu le Concours de machines ?

Pour être avec d’autres cadreurs, sortir de la solitude de son atelier, échanger, notamment sur ce qui marche et ne marche pas, pour avoir de la visibilité sur ma marque, et enfin pour me faire plaisir sur l’aspect créatif lié au cahier des charges fixé par les organisateurs du concours.

Julien Fritsch - JOLIE ROUGE CYCLES

BIO EXPRESS

Amoureux du vélo dès le plus jeune âge, Julien arrive à l’adolescence en rêvant devant les photos d’artisans en train de souder des cadres de vélo. Son diplôme d’ingénieur en mécanique appliquée en poche, il travaille comme “chauffeur de moules” pour une entreprise fabriquant des pièces en carbone pour l’industrie automobile et aéronautique. Un “boulot mondialisé” qui le conduit à un burn out de la vie moderne après avoir enchaîné les aller-retours en Asie pendant 7 ans… Lors d’une visite à Taïwan, il observe l’usine d’un fabricant de vélos avec tristesse : usine énorme, salariés sans plaisir au travail, vélos par milliers… L’image de l’artisan cadreur fabricant un vélo unique lui revient. En quête d’un travail manuel et d’un métier avec plus de sens, il se lance et fabrique son premier cadre en 2014 ,et apprenant le métier en autodidacte.

Dans son atelier de 33m2 situé sur les hauteurs de Chambéry, Julien se spécialise dans les “vélos d’aventure” capables d’accueillir des sacoches, du vélo longue distance au VTT. Il a fabriqué une soixantaine de vélos usqu’à aujourd’hui.

Comment vois-tu l'évolution du métier de cadreur ?

Le vélo a le vent en poupe. Il va dans le sens du besoin de déplacements doux. Dans ce contexte, le métier de cadreur revient sur le devant de la scène et se développe. Les gens ont compris la plus value apportée par les cadreurs. Mais nous sommes tout de même en face d’un milieu mondialisé et cassé : les revendeurs tirent les prix et ont du mal à vivre…

Les conditions de vie des cadreurs te semblent-elles satisfaisantes ?

Pour ma part, je vis sur mes économies. Tout l’argent que je gagne me sert pour l’instant à payer mes machines. J’espère pouvoir me sortir un salaire d’ici 2 ans. Les cadreurs sont comme les maraîchers bio : ils ont du mal à vendre leurs produits au prix qui rémunère leurs heures. Je fabrique des pièces d’outillage pour essayer de me diversifier. Mon objectif est d’arriver à travailler sans stress, de prendre le temps de bien faire les choses sans pression.

Vélo finaliste du Concours de machines : 3ème place

Quels sont les points forts de ton vélo ?

Un vélo qui met le sourire car il donne du fun au guidon, il est doux à piloter, met en confiance.
Un cadre tout suspendu et une potence 100% fabriqués en atelier : autonomie de fabrication.
Une peinture répondant à un délire esthétique. On peut y deviner des cerfs volants de Kaboul, des flammes et du feu, en allusion à l’actualité !

Pourquoi fais-tu le Concours de machines ?

Pour voir des copains et rouler, pour faire parler du métier de cadreur et pour m’obliger à aller plus loin dans la recherche de perfection, notamment au niveau des finitions. Ça ajoute du stress au moment de la fabrication…

Laurent Gauthier - Mouton Cycles

BIO EXPRESS

Avec un 1er VTT à 12 ans et son équipe de copains “Les Crazy speedy team”, Laurent écume toutes les épingles et parcours trialisants du secteur de Gap. De quoi lui insuffler une insatiable soif de rouler en pleine nature. Avec sa team, il dessine des vélos, des systèmes de suspension et passe un temps fou chez le vélociste du coin à qui ils donnent des coups de main en échange de pièces de vélo. Après des études supérieures de mécanique et un Bachelor’s en matériaux composites, s’en suivent 6 années à travailler dans l’industrie. En 2007, il rejoint le milieu du spectacle où il devient concepteur, constructeur et installateur de structures et dispositifs sur cordes. En 2019, une interview du circassien Pierre Glottin, devenu cadreur, sonne comme une révélation. L’année covid lui permet de murir son projet et il fabrique bientôt son 1er vélo chez Edelbikes à Grenoble, à l’occasion d’un stage.

Laurent a fabriqué ses deux premiers vélo dans l’atelier Edelbikes à Grenoble. Il est à la recherche d’un local à Die pour s’installer. Sa fabrication va s’orienter autour du vélo de transport (et tout ce qu’il faut pour transporter avec un vélo en campagne : remorque, cargo, follow me…), et du VTT avec cadre rigide acier. Il souhaite aussi recycler des cadres existants pour s’adapter au contexte local du Diois où les gens n’ont pas forcément de gros moyens.

Les conditions de vie des cadreurs te semblent-elles satisfaisantes ?

Très peu de cadreurs en vivent à 100%. Cela demande beaucoup d’organisation et d’intelligence. J’avoue que ça me fait un peu peur. C’est sans doute plus acceptable quand on vit dans un mode décroissant ou à la campagne. Pour ma part je me lance avec l’objectif d’en vivre à minima.

Comment vois-tu l'évolution du métier de cadreur ?

Pour moi il est primordial que la profession se structure en une communauté d’artisans travaillant ensemble : au niveau des approvisionnements de pièces, des constructions, des process, pour que cela revienne moins cher. Cela passe par une ouverture des uns vers les autres.

Vélo finaliste du Concours de machines : meilleur rookie (cadreur débutant)

Quels sont les points forts de ton vélo ?

Sa compactibilité : son cadre se démonte et tient dans un sac prévu pour être emmené lors d’un vol en parapente
Sa géométrie est faite pour faire du vrai VTT
Le système de porte-bagages arrière a été spécialement conçu pour s’escamoter et fonctionne parfaitement bien
Plus qu’original ce vélo est très atypique avec ses roues de 24 pouces…

Pourquoi fais-tu le Concours de machines ?

J’avais prévu d’y aller pour rencontrer du monde, pas pour participer. Il se trouve que le cahier des charges collait parfaitement avec le vélo que j’étais en train de réaliser. J’en ressors complètement boosté !